Jusqu’à la toute fin, Alexandre Fortin a espéré.
Après tout, on ne se retrouve pas sur le même trio que Patrick Kane et Artem Anisimov pour rien.
N’empêche, après avoir métamorphosé une simple invitation à prendre part au camp des Blackhawks de Chicago en un contrat et flirté avec la LNH, l’attaquant de 19 ans se doutait bien qu’il allait bien avoir besoin de son billet de retour pour Rouyn-Noranda un jour ou l’autre.
« Je savais que j’allais revenir », concède aujourd’hui le vétéran des Huskies.
« C’est sûr que j’avais espoir de commencer l’année là-bas. Veut, veut pas, ça te reste dans la tête », admet-il
Il faut dire que l’état-major des Blackhawks y a sérieusement songé avant de finalement retrancher Fortin, deux jours à peine avant le début de la saison. Le Québécois originaire de Blainville venait alors de disputer quatre des cinq matchs préparatoires des Hawks, amassant deux buts et une passe au passage, en plus d’évoluer aux côtés de Kane et Anisimov le temps d’une soirée.
« Ce n’est pas le genre de choses que tu fais tous les jours », rappelle Fortin.
Le rêve a depuis fait place à la réalité. Voilà un mois maintenant que l’ailier gauche a renoué avec son quotidien de joueur junior majeur.
« Son premier match a été un peu plus difficile. Le lendemain, il a très bien fait ça (3 passes, NDLR), mais il a ensuite été suspendu quatre matchs. Ça n'a pas été évident de ce côté-là, mais il va de mieux en mieux. [...] Il génère plein de choses par sa vitesse. Il est un élément important pour nous », souligne l’entraîneur-chef des Huskies, Gilles Bouchard.
Au sein d’un club qui trône au sommet du classement général et qui prend visiblement au sérieux la défense de son titre, Fortin semble en effet avoir repris son rythme, lui qui a inscrit au moins un point dans sept des 10 matchs auxquels il a pris part. Pour l’instant, il peut donc dire mission accomplie.
« (Depuis mes débuts dans la LHJMQ), je n’ai pas été assez constant. Il y a eu des matchs où je ressortais du lot, et d’autres où j’étais un peu plus off. Cette année, c’est là-dessus que je dois travailler », note-t-il.
Alexandre Fortin
Alexandre Fortin (Source: CHL Images)
Ce manque de régularité, jumelé à quelques blessures, explique d’ailleurs en partie pourquoi Fortin a semblé échapper à l’œil de bien des éclaireurs de la LNH. Jusqu’à l’an dernier du moins.
« Je n’ai pas connu de grosses années junior jusqu’à maintenant, mais je pense être prêt à donner un bon coup cette saison, surtout offensivement, pour montrer que je suis capable de la mettre dedans », estime-t-il.
Il est en tout cas capable de transporter la rondelle jusqu’au filet adverse. Ça, c’est sûr.
« Sa vitesse, ça fait peur! », lance Bouchard, avant d’ajouter au compliment. Je te le dis, c’est le (patineur) le plus explosif de la ligue. »
Si cet atout a certes servi la cause des Huskies au fil de leur dernière saison de rêve qui s’est achevée en finale de la Coupe Memorial, Fortin a néanmoins patiné dans l’ombre des Francis Perron, Timo Meier, A.J. Greer et Julien Nantel l’an dernier.
Or, cette année, tous les regards sont portés en sa direction.
« C’est sûr que mon rôle est différent, je fais partie des leaders de cette équipe. Je sais que les gars vont me regarder, surtout les jeunes de 16-17 ans. Certains d’entre nous ont déjà un contrat et ont joué à la Coupe Memorial. C’est à nous de leur montrer la voie », indique Fortin, qui a 4 buts et 10 passes à son dossier.
« C’est un joueur qui est allé chercher de l’expérience à son dernier camp (avec les Blackhawks) et qui a appris beaucoup. Il veut faire carrière chez les professionnels et je pense qu’il l’a prouvé à Chicago », signale Bouchard.
Fortin pourrait obtenir une autre occasion d’en faire la preuve d’ici quelques semaines. Membre de l’équipe d’étoiles de la LHJMQ qui a affronté cette semaine la formation russe à l’occasion de la Série Canada-Russie, l’espoir des Hawks figure parmi les prétendants à un poste au sein d’Équipe Canada junior en vue du prochain Mondial qui aura lieu à Montréal et Toronto à compter du 26 décembre.
S’il est invité au camp de sélection d’ÉCJ, parions cette fois que ses valises seront plus lourdes que lors de son dernier séjour à Chicago.
« Je ne savais pas combien de temps j’allais être là-bas. Quand tu es un joueur invité, tu ne t’amènes pas une tonne de vêtements. Mais j’ai passé un bon mois et demi à l’hôtel. J’étais vraiment à mon affaire et dans ma bulle. Mon linge, ce n’était pas plus grave que ça. »