L'attaquant Jérémy Grégoire est passé par toute la gamme des émotions cette saison.Six mois plus tard, cette déception que ressentait Jérémy Grégoire lorsqu’il a prématurément quitté le camp d’entraînement du Canadien, en septembre dernier, n’est plus. Elle a plutôt fait place à une certaine fierté personnelle qui sera perceptible tout au long de son entretien avec Hockey Le Magazine. Récit d’une saison mouvementée pour le jeune espoir du Tricolore. Le 22 septembre dernier, Grégoire se dirige vers le Centre Bell afin de prendre part au match Canadian Tire opposant l’équipe des Blancs à celle des Rouges. Il est gonflé à bloc en vue de cette partie qui sera disputée à guichets fermés. Une belle occasion pour lui d’épater, une fois de plus, les dirigeants du CH. « Je disputais un excellent match jusqu’à temps que je saute sur la patinoire pour la troisième période, se souvient-il. À l’une de mes premières présences au troisième vingt, j’ai effectué un tir vers le filet ennemi et j’ai littéralement senti mon poignet craquer. On aurait dit qu’il venait de lâcher. Lorsque je suis revenu sur la patinoire par la suite, j’ai tenté d’harponner Michaël Bournival et j’ai senti un genre de choc électrique dans mon poignet. C’est là que j’ai su qu’il y avait quelque chose d’anormal. »
Le diagnostic de l’équipe médicale du Canadien est sans équivoque. Son camp est terminé et il devra être tenu à l’écart du jeu pour une période de six à huit semaines. Un dur coup à encaisser pour le jeune homme dont le rendement retenait de plus en plus l’attention de l’état-major. « J’avais connu un excellent camp et mon objectif était de pouvoir disputer au moins un match préparatoire, indique le numéro 10 du Drakkar de Baie-Comeau. Ça m’aurait permis de faire un pas de plus vers l’avant par rapport à ce que j’avais accompli l’année précédente. D’un autre côté, j’étais content, car je savais que j’aurais probablement eu droit à ce privilège-là. C’était plus une question de malchance qu’autre chose. »
L’attaquant de 6 pi et 190 lb retourne alors à Baie-Comeau, où il entreprend le début d’une longue période de convalescence qui lui fera rater les 36 premiers matchs du calendrier régulier. Ses journées sont bien remplies, son programme de remise en forme est exigeant, mais la force de caractère qui l’anime est sans pareille. « Lorsque les gars arrivaient à l’aréna, vers 8h30, je m’en allais immédiatement au gymnase pour un hors-glace, détaille celui qui a été opéré au poignet le 23 octobre dernier, à Montréal. Ensuite, j’allais les rejoindre sur la glace pour patiner en solitaire. Chaque matin, je mettais autant le pied dans le gymnase que sur la patinoire. C’était assez exigeant, surtout que j’allais à l’école en après-midi. »
Le niveau de motivation de l’espoir du CH n’est pas toujours à son apogée. Même s’il fait preuve de beaucoup de détermination, certaines journées sont plus difficiles que d’autres. L’entraîneur-chef Marco Pietroniro n’est pas sans s’en rendre compte et décide de rencontrer son capitaine afin de lui offrir une petite récompense. « On a décidé de m’amener derrière le banc de l’équipe, se réjouit le natif de Sherbrooke. Ça m’a permis de voir le match différemment. Je suis quelqu’un d’assez intelligent qui voit bien la game, donc j’ai pu exercer mon leadership d’une toute autre façon. Ce n’était pas comme si j’étais complètement effacé de l’entourage de l’équipe et ça m’a gardé motivé. »
Un dernier tour de piste Début décembre. Grégoire suit son programme de réhabilitation avec assiduité et s’approche de plus en plus d’un retour au jeu. Ce jour-là, Équipe Canada junior dévoile la liste finale des joueurs invités à son camp d’entraînement, à Toronto. Le sien n’y figure pas. Une autre déception pour celui qui cadrait pourtant bien avec la philosophie mise en place par l’entraîneur-chef Benoit Groulx. « En novembre et décembre, je m’entraînais vraiment fort pour être prêt si les dirigeants du club décidaient de m’appeler, confie le choix de sixième ronde (176e au total) du Canadien en 2013. C’était la seule chose que je pouvais contrôler, dans le fond. Finalement, j’étais encore sur la touche, mais ça m’a permis d’être dans une forme physique optimale pour commencer ma saison en force. »
Après trois mois de dur labeur, le leader du Drakkar effectue un retour au jeu attendu lors du match du 28 décembre face aux Remparts. Ce soir-là, il sera blanchi de la feuille de pointage dans une défaite de 2 à 1. Un deuxième revers consécutif à saveur de victoire pour l’attaquant de 19 ans. « J’étais déjà game shape, donc ça n’a pas été trop difficile sur cet aspect-là, analyse Grégoire. C’était plus au niveau du timing que c’était difficile. Ça m’a pris environ cinq matchs avant de le retrouver à 100 %, ce qui était normal après trois mois d’absence. Il me manquait la touche autour du filet. J’avais quantité de tirs au but et de chances de marquer, mais j’ai dû patienter cinq parties avant de finalement m’inscrire au pointage. Par la suite, ça s’est mis à décoller, mais ça m’a demandé une bonne adaptation. »
L’ex-attaquant des Cantonniers de Magog midget AAA conclura la saison régulière avec une récolte de 41 points (20-21) en 32 matchs. À n’en pointer douter, il est dorénavant l’ombre de ce qu’il était au moment de subir les contrecoups de Dame Malchance, le 22 septembre dernier, au Centre Bell. « Je n’ai plus aucune séquelle, autant mentale que physique, se réjouit-il. Des fois, certains se demandent s’ils seront capables de revenir au maximum de leur forme. Veut, veut pas, effectuer un tir à proximité du filet, c’est l’un de mes principaux atouts. Je suis de retour au sommet et je suis fier du travail que j’ai accompli.
« Ça a forgé mon caractère, conclut le capitaine du Drakkar. Lorsque tu n’obtiens pas toujours ce que tu veux et que tu dois travailler aussi fort pour revenir en force, ça forge assurément ton caractère. Pour être honnête, il y avait des matins où c’était assez démotivant merci. Je savais que je ne reviendrais pas au jeu avant deux ou trois mois, mais je devais quand même aller au gym et chausser les patins pour garder la forme. Ça a démontré la passion que j’avais pour ce sport et je suis content d’être passé à travers tout ça. »
Le Drakkar (7e) affronte présentement les Sea Dogs de Saint-Jean (10e) en première ronde des séries éliminatoires de la LHJMQ. Les troupiers de Marco Pietroniro ont remporté les deux premiers matchs disputés à Baie-Comeau, le weekend dernier, pour prendre une avance de 2-0 dans la série.
