Luc Lachapelle, sa fille Valérie & son gendre PatrickLuc Lachapelle se bat pour sa vie depuis plusieurs jours au pavillon des soins palliatifs Rosemont, à Montréal.L’ancien arbitre renommé de la LHJMQ n’a pas l’intention de baisser les bras rapidement. Il lutte contre un cancer du foie qui s’est généralisé au cours des derniers mois.
Alors que ses heures étaient comptées il y a à peine quelques jours, voilà qu’il a reçu de bonnes nouvelles de ses médecins, hier matin, avant de rencontrer Le Journal. Il avait repris des forces et pouvait ainsi prolonger ses jours auprès des siens.
Entouré de sa fille Valérie et de son gendre, Patrick, il était bien installé dans son fauteuil, réchauffé par les chauds rayons d’un soleil de plomb d’une froide matinée de février. Malgré son état de santé fragile, il voit la vie d’un bon œil.
Le seul souci qui le chagrine, c’est de voir ses enfants préoccupés et bouleversés par sa maladie avancée. «Je suis serein face à la maladie, mais je ne le suis pas face à la réaction de mes enfants. C’est plus difficile, a-t-il admis d’un timbre de voix tout de même solide. Aujourd’hui, j’attends qu’on vienne me chercher.»
Les premiers signes de sa maladie s’étaient déclarés à l’automne 2008. En rémission depuis six ans, il s’est entraîné trois heures par jour à raison de six fois par semaine pour reprendre la forme. Mais son état s’est par la suite détérioré. Ce qui l’a forcé à rentrer à l’hôpital le 13 février.
Toujours aussi passionnéAu-delà de ses problèmes de santé, celui qui a arpenté les patinoires de la LHJMQ de 1974 à 1999 est toujours aussi passionné par son sport. S’il en était capable, il rechausserait les patins et enfilerait son sifflet demain matin. «Je le ferais même avec une canne!», a-t-il assuré en se remémorant des souvenirs du bon vieux temps.
Luc Lachapelle était reconnu pour sa flamboyance sur la glace. Il n’était pas rare de le voir danser durant les pauses. Une technique qui lui permettait de chasser la nervosité. Mais au fil des 896 matchs qu’il a arbitrés durant sa carrière chez les juniors, il n’avait qu’une seule obligation: faire régner la justice et l’ordre.
«Je voulais toujours être équitable. J’essayais d’être honnête et de ne pas me laisser prendre même si la foule criait», a laissé savoir celui qui était aussi éducateur physique au sein du service correctionnel canadien.
Droit comme un chêne et respecté par ses pairs, Lachapelle n’avait peur de personne. Aucun entraîneur et dirigeant ne pouvaient l’influencer et l’intimider. Et pourtant, ils étaient légion durant les années 80 et 90. «Tout le monde tremblait quand c’était à Laval. Je n’avais peur de personne. Plus la foule était bruyante et plus je me faisais crier des noms, meilleur je devenais.»
Dominant«Il était un arbitre dominant. Il a fait sa marque à sa manière, a témoigné André Sarrazin, un ami et collègue de longue date venu le visiter à l’hôpital pour se remémorer de bons souvenirs. Il avait une vision hors pair du jeu et de l’arbitrage. Il était très respecté. Le destin a montré qu’il était apprécié avec ses accomplissements.»
Les hautes instances de la Ligue n’hésitaient surtout pas à lui confier les matchs importants et difficiles à gérer. «Il avait une bonne emprise sur le déroulement d’un match, s’est remémoré le commissaire Gilles Courteau. Quand il était sur la glace, c’était officiel que les deux équipes et les spectateurs étaient en confiance.»
RecordJusqu’au printemps dernier, Lachapelle a d’ailleurs détenu le record du plus grand nombre de matchs arbitrés en séries éliminatoires. Son compteur s’est arrêté à 150 au terme de la saison 1998-1999, une marque que Nicolas Dutil et Éric Charron ont fracassée en 2014.
Ses 746 matchs en saison régulière lui confèrent le troisième rang dans l’histoire de la LHJMQ, une fois de plus derrière Charron et Dutil qui sont toujours actifs.