Québecor et ses 2 équipes de la LHJMQ: le débat s’embrouille

Alors ? Québecor pourra-t-elle, oui ou non, continuer d’être simultanément propriétaire de deux équipes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec? Le débat se poursuit au sein de la ligue. Ce qui complique les choses, c’est que les interprétations divergent quant au mandat qui a été confié au commissaire Gilles Courteau pour trancher cette épineuse question.

Le 27 novembre dernier, Québecor a annoncé avoir fait l’acquisition des Remparts de Québec, qui sont en quelque sorte le joyau de la LHJMQ. Cette transaction a été avalisée malgré le fait que l’entreprise de télécommunications était déjà propriétaire de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

Les statuts et règlements de la LHJMQ interdisent à un même propriétaire de posséder deux équipes. Mais cette transaction avait temporairement reçu le feu vert parce que la possibilité de voir les Remparts s’installer dans le nouvel amphithéâtre de Québec (dont la gestion est assurée par Québecor) dès la saison prochaine était une priorité pour la ligue et le commissaire Gilles Courteau.

Peu de temps après cette annonce, en décembre, les gouverneurs de la LHJMQ se sont réunis et ils ont confié un mandat à leur commissaire. Quel était ce mandat? C’est là que l’affaire prend une drôle de tournure.

« Il a été convenu que Québecor allait être invitée à faire ses devoir et à céder le contrôle de l’Armada de Blainville-Boisbriand à d’autres intérêts. Il a aussi été convenu que la LHJMQ allait laisser le temps aux gens de Québecor de bien faire les choses. Le plus important pour la ligue, c’est de s’entourer de propriétaires de grande qualité », explique le gouverneur d’une équipe.

« Il y avait peut-être deux ou trois organisations qui ne se souciaient pas du fait que Québecor possède deux équipes en même temps. Alors, le commissaire a reçu le mandat de faire respecter les statuts et règlements, et de faire en sorte que Québecor vende l’une de ses deux équipes », soutien une autre source ayant participé à ce débat.

À Boisbriand, le président de l’Armada, Joël Bouchard, fait une lecture bien différente de la situation.

« Le commissaire Courteau n’a pas reçu le mandat de provoquer la vente de l’Armada! Il a reçu le mandat de trouver la meilleure solution pour protéger les intérêts de la ligue.

« Dans les heures suivant l’acquisition des Remparts par Québecor, le commissaire a émis une directive interdisant aux Remparts et à l’Armada de transiger ensemble, même dans le cadre d’une transaction à trois équipes. Une fois qu’on ne peut plus transiger ensemble, qu’est-ce que ça peut bien faire que les deux équipes appartiennent au même propriétaire? Québecor est une entreprise milliardaire qui tente d’obtenir une équipe de la LNH? Est-ce que quelqu’un croit sérieusement que Pierre Dion (le PDG de Québecor) va perdre son temps et son nom en essayant d’arranger un match de hockey junior un mardi soir? », questionne le dynamique homme de hockey.

Aux yeux de Bouchard, le marché de la région métropolitaine est fragile pour le hockey junior, notamment en raison de la présence du Canadien. Et, selon lui, le marché de Québec le deviendra probablement avec le retour d’une équipe de la LNH.

« Est-ce que la LHJMQ est plus forte avec un propriétaire comme Québecor dans deux marchés fragilisés par la présence d’équipes de la LNH? Je pense que oui. C’est ça la question qu’il faut se poser. Et puis, donnons du crédit aux dirigeants de Québecor. Ils auraient facilement pu décamper après avoir acheté les Remparts. Mais en lieu et place, ils disent qu’ils veulent rester avec l’Armada et continuer à soutenir le hockey junior dans la région de Montréal », plaide Bouchard.

Pour sa part, le commissaire Courteau ne semble nullement se sentir investi de la mission de provoquer la vente de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

« Il n’y a absolument rien de fait dans le dossier de l’Armada depuis la réunion des gouverneurs de décembre dernier. Je n’ai pas entamé de réflexion là-dessus et je n’ai pas eu la chance de consulter qui que ce soit à ce sujet parce que toutes les énergies de la ligue ont rapidement été mobilisées par la présentation du Championnat mondial junior.

« Cette situation ne doit pas traîner en longueur, certes, mais nous ne nous sommes fixés aucun échéancier », indique le commissaire.

Une autre source, très au fait du dossier, insiste sur le fait que le commissaire de la LHJMQ entend se montrer extrêmement prudent quant à l’avenir de l’Armada. Le marché de la région métropolitaine, vital en raison de sa forte densité médiatique, s’est avéré un cimetière pour plusieurs organisations de hockey junior majeur au cours des dernières décennies. Toutefois, l’aventure de l’Armada est un succès depuis son arrivée à Boisbriand en 2011.

« Ça reste toutefois un succès fragile. Récemment, l’Armada a connu une séquence de 11 victoires de suite. Et la meilleure foule durant cette séquence s’est élevée à 2485 spectateurs. Il y a bien des villes dans la ligue où, au cours d’une telle séquence, on aurait fait salle comble plusieurs fois », fait-on valoir.

La prochaine réunion des gouverneurs de la LHJMQ risque donc d’être fort intéressante. Parce que, visiblement, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’ondes quant à la place que devrait occuper Québecor au sein du hockey junior majeur québécois.