Si les deux premières années de la concession ont été difficiles pour le Phoenix de Sherbrooke avec une 15e et une 18e place, la saison 2014-2015 en est une première de réjouissance pour la franchise qui pointait, après 34 parties, au 8e rang du classement général du circuit Courteau. Forte d’une fiche de 18-13-0-3 après 34 parties, la troupe dirigée par Judes Vallée était à quatre points de la tête de sa division, détenue par l’Armada de Blainville-Boisbriand. En date du 31 décembre, elle se trouvait à deux points de ses rivaux grâce à un dossier de 21-13-0-3, ce qui lui vaut la 7e position de la ligue.
«Nous voulions nous maintenir au moins dans le deuxième tiers, donc entre les position 6 et 12. C’est exactement ce que nous avons fait. Nous maintenons un dossier supérieur à ,500 et nous avons même passé quelques temps au haut du classement. Nous avons joué au-delà des attentes en début de saison puis avons connu un creux récemment, mais nous sommes en train de nous en sortir. Nos joueurs sont motivés car ils ont goûté aux premières positions et veulent y retourner», estime le grand patron hockey du Phoenix, Patrick Charbonneau.
Les deux plus grandes surprises chez le Phoenix viennent du duo des Suisses, composé de Tim Wieser et Kay Schweri. Après une saison de 44 points en 54 parties l’an dernier, Wieser a trouvé un second souffle avec l’arrivée de son compatriote et compte maintenant le même total de points après 32 rencontres. Wieser mène la LHJMQ pour les buts (30) alors que Schweri n’est devancé que par Conor Garland pour les mentions d’assistance. Les deux petits attaquants se sont même vu offrir une place avec la formation nationale suisse au Championnat du Monde de Hockey Junior suite à leurs belles performances.
«Leur rendement est incroyable! Ce sont deux joueurs aux styles différents, mais qui se complètent à merveille. Je ne m’attendais pas du tout à les voir au sommet de la ligue dans les statistiques offensives. Je m’attendais environ à un point par match pour Tim, mais certainement pas à un rythme de presque un but par match. C’est tout à leur avantage, ils ont profité du temps de glace qui leur a été donné et ont forcé la main des entraîneurs afin d’en obtenir encore plus», se réjouit le DG.
La place prise par les deux Suisses réduit le temps de jeu attribué au meilleur attaquant de la saison dernière, Daniel Audette. Sa production n’a pas connu l’évolution attendue par les partisans, mais cela ne préoccupe en rien la direction de la troupe estrienne.
«Nous ne sommes pas inquiets. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Il a parfois mal géré ce qui vient avec le fait d’être repêché et de prendre part à un camp professionnel. Par contre, si on compare ses statistiques à l’an dernier, Daniel maintient environ le même rythme de production cette année. Il doit aussi composer avec des compagnons de trio différents car les Suisses sont difficiles à séparer. Nous avons par contre fait l’acquisition de Cameron Darcy parce que nous croyons qu’il peut bien le complémenter et donner deux lignes d’attaque dangereuses au Phoenix et l’aider à progresser», souligne Charbonneau.
Le succès de l’équipe n’est pas seulement l’affaire des meilleurs atouts offensifs. Les joueurs de soutien font bien leur travail depuis le début de la saison et provoquent des étincelles, sans toutefois le démontrer sur la feuille de pointage. Le gérant du Phoenix croit que la contribution de ses joueurs de profondeur a une importance sous-estimée par plusieurs.
«Dans une équipe, on ne peut pas avoir que des gars de premier et deuxième trios. Nos deux derniers trios font un excellent travail dans l’ombre et nous avions le luxe de compter sur treize attaquants capables de jouer dans cette ligue, ce qui a créé une saine compétition entre eux afin de se mériter plus de temps de glace», explique-t-il.
À l’arrière, le défenseur prodige de 17 ans Jérémy Roy excelle et progresse à un rythme impressionnant. Deuxième pointeur chez les défenseurs du circuit après 34 parties, Roy est utilisé dans toutes les situations et accomplit avec succès les missions que lui donnent le personnel d’entraîneurs. À sa droite, Carl Neill est méconnaissable et a déjà fracassé sa marque personnelle de 4 buts (5). Au 31 décembre, Roy avait dépassé Carrier avec 34 points en 32 parties, et Neill avait égalisé son sommet de 22 points de l’an dernier après 32 parties, comparativement à 65 en 2013-2014.
«Nous sommes ravis du rendement de Jérémy, son attitude et sa progression sont excellentes malgré les distractions qui viennent avec l’année de repêchage. Pour ce qui est de Carl, nous sommes extrêmement satisfaits et rassurés. Il a travaillé très fort cet été pour perdre du poids et être en meilleure forme et ça paraît sur la glace. La déception qu’il a vécue en n’étant pas été repêché l’a motivé et l’a forcé à se requestionner, à remettre ses priorités en ordre et à changer son approche du hockey. Julien Bahl aussi fait très bien, même si c’est dans un rôle un peu plus effacé que les deux premiers», analyse le gérant.
Les gardiens aussi font bien et répondent aux attentes fixées par l’équipe. La progression du portier recrue Evan Fitzpatrick est intéressante, lui qui n’est pas habitué à d’aussi longues saisons de la LHJMQ après avoir disputé seulement 18 parties l’an dernier au niveau Midget. Il a bien répondu lorsque placé devant le filet, même lors de quelques situations assez difficiles. Alex Bureau donne de son côté ce que l’on s’attend de lui et maintient une fiche intéressante, ainsi qu’une moyenne de buts alloués inférieure à 3.00, se maintenant dans la première moitié du circuit pour les premiers gardiens de chaque équipe.
Pour une première fois, le Phoenix cherche à s’améliorer au lieu de préparer les prochaines années, comme il l’a fait par le passé, sans toutefois compromettre les années à venir. Des joueurs comme Simon Desbiens et Charles-Éric Légaré (acquis en cours de saison) ont dû quitter afin de permettre l’acquisition de nouveaux éléments qui pourront améliorer la situation du club et remplacer des blessés, notamment Vincent Deslauriers qui ratera au moins 3 mois d’activités.
«Les acquisitions de Cameron Darcy, Owen Bennington et Alexis Vanier viennent adresser des faiblesses identifiées au fur et à mesure que la saison avançait. Darcy a été acquis pour améliorer nos deux premières lignes par sa taille et ses habiletés offensives, et pour sa force en possession de rondelle. Owen Bennington vient remplacer Trevor Stacey durant sa blessure en ajoutant du poids et de la robustesse à notre attaque, alors qu’Alexis Vanier grossit notre défensive qui était un peu trop petite. Avec les retours de Wieser et Schweri après le tournoi, le Phoenix pourra compter sur deux lignes d’attaque très dangereuses, ce qui devrait faire de nous une meilleur équipe pour la deuxième moitié de saison», conclut Charbonneau.
La table est donc mise pour le sprint final où le Phoenix tentera de continuer sa progression au classement et, qui sait, peut-être même d’aller chercher l’avantage de la glace en séries pour la première fois de son histoire. Le titre de division est aussi toujours à portée de tous dans l’Ouest. La tâche sera toutefois ardue, car l’Armada ne montre aucun signe de ralentissement et les Olympiques semblent vouloir tenter le grand coup en réalisant d’importantes acquisitions. La concentration du Phoenix n’est toutefois pas sur ses adversaires, mais basée sur ce qu’elle doit accomplir match par match. Après tout, comme l’a souvent dit l’entraîneur-chef Judes Vallée, «Quand vingt gars poussent tous dans la même direction, ils sont capables de grandes choses»!
