Chase HarwellDepuis la naissance du Phoenix de Sherbrooke à temps pour la saison 2012-2013, quelques Américains ont garni son alignement. Géographiquement, la capitale estrienne s’avère une destination de choix pour ces jeunes athlètes du Nord-Est des États-Unis qui désirent poursuivre leur cheminement dans une ligue des plus compétitives. Chase Harwell a choisi cette voie, même si l’attrait d’enfiler l’uniforme d’une université américaine était alléchante.
« Pour plusieurs Américains, il n’existe qu’une seule option, soit de faire tout en son possible pour obtenir une bourse d’études et de jouer pour une université. C’est le modèle qui est comme ça, même si de belles options comme la LHJMQ existent. Je ne regrette absolument pas mon choix », lance sans aucune hésitation le jeune homme de 17 ans originaire de Southburry au Connecticut.
C’est le directeur général du Phoenix Patrick Charbonneau qui a découvert Harwell alors que celui-ci évoluait au Collège de South Kent, un « prep-school » qui vise à préparer ces jeunes athlètes pour éventuellement accéder à l’université. La saison précédente, Charbonneau en compagnie de son frère Alain, dépisteur-chef du Phoenix, avait sélectionné un de ses compatriotes, Mitchell Lundholm. De retour à South Kent pour tenter de convaincre l’attaquant format géant de se joindre à leur formation la saison suivante, les frères Charbonneau ont découvert un fougueux attaquant qui leur a ouvert les yeux.
« J’ai aimé mes premiers contacts avec Pat. Il venait voir jouer Mitch et c’est là qu’il a commencé à me parler. Je m’étais alors déjà commis à l’Université Quinnipiak et c’est vraiment dans cette voie que je souhaitais me diriger. Je ne cache pas que j’avais entendu toutes sortes de choses qui ne mettaient pas en valeur la LHJMQ. J’étais donc réticent au début, mais Pat a réussit à me convaincre peu à peu », se remémore Harwell.
En écoutant Harwell, on se rend bien compte que la LHJMQ ne jouit pas d’une opinion favorable de l’autre côté de la frontière. Un phénomène qui semble assez généralisé.
« Les Américains en général pensent que les équipes de la LHJMQ ne s’occupent pas de leurs joueurs et que l’école est une « joke »! Certains croient que les joueurs sont rejetés lorsqu’ils subissent des blessures alors que c’est tout le contraire. Je n’ai que du positif à dire sur le modèle de hockey québécois. Ce sont des préjugés entièrement faux et je ne donnerais pas mieux que de faire valoir l’encadrement incroyable que nous avons à Sherbrooke et ailleurs dans la LHJMQ. Bien sûr qu’il y a la barrière des langues mais je m’y adapte assez facilement. Cette ligue-là gagne à être connue aux États-Unis », ne se gêne pas pour dire le teigneux attaquant numéro 73 du Phoenix.
Pour Harwell, le fait de jouer dans la LHJMQ l’a fait grandir comme personne. C’est là où il a appris à devenir un homme.
« J’ai appris à devenir plus indépendant, à m’occuper de mes affaires. Je suis mes cours à distance à ça va très bien. Pour moi, l’école c’est important et j’y consacre beaucoup de temps. Je devais m’assurer que l’école occuperait une grande place dans mon cheminement à Sherbrooke. L’organisation m’a montré à quel point je serais bien encadré. Je me sens vraiment privilégié de jouer pour le Phoenix. Je ne pourrais pas demander mieux », poursuit celui qui file le parfait bonheur à Sherbrooke et qui réussit même à prendre des cours de français.
Une famille de sportifsChase Harwell est le deuxième d’une famille de quatre enfants, tous des garçons. Son père, Earl, était un excellent joueur de football plus jeune alors que sa mère, Kathleen, est une ex-nageuse, championne de son état. La preuve que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre.
« Mes parents ont toujours priorisé la bonne forme physique dans la famille. Ils nous envoyaient jouer dehors et rarement nous pouvions jouer à des jeux vidéo. Ils étaient très stricts là-dessus alors nous jouions au hockey dans la rue. Dès l’âge de 10 ans, je courais régulièrement avec mon père. Ils nous ont vraiment légués de belles habitudes de vie », estime Chase, dont les frères Earl Jr., Jake et Troy sont aussi des athlètes accomplis. Troy, âgé de 14 ans, pourrait être le meilleur de la famille et il jongle encore entre une carrière au hockey ou au football.
Ce ne fut d’ailleurs pas chose facile pour le jeune Chase de choisir un sport car il excellait dans tout! Il revient d’ailleurs sur ses débuts avec des patins dans les pieds.
« Un de mes oncles était un excellent joueur de hockey qui avait aussi évolué dans un « prep-school » plus jeune. Il est ensuite devenu un grand fan de hockey. C’est lui qui m’a initié au sport et j’ai eu la piqure rapidement. J’ai cependant touché à beaucoup de sports, que ce soit le football, le baseball, le basketball, le soccer et même la crosse! Je me suis spécialisé dans le hockey l’hiver et le football l’été jusqu’au jour où j’ai dû faire un choix. J’étais misérable mais mon père m’a fait comprendre que je devais choisir. Je ne regrette pas mon choix, mais je pense que mon père fera tout en son possible pour permettre à mes jeunes frères de pratiquer leurs sports le plus longtemps possible », poursuit celui qui prend un soin jaloux de sa condition physique. D’ailleurs, il espère ouvrir son propre centre d’entraînement au terme de sa carrière de hockeyeur.
Chase Harwell ne s’était pas donné d’objectifs précis avant de faire le saut dans la LHJMQ. Pour lui, c’est le jeu collectif qui est primordial, au-delà de ses accomplissements individuels. Son rêve? Lever la Coupe Memorial à Sherbrooke. Qui sait? Peut-être le réussira-t-il alors que le Phoenix se prépare dès l’an prochain à amorcer les deux années charnières de son plan quinquennal débuté en 2012…