Fraichement repêché par le Phoenix, Kevin Gilbert est prêt à tout pour forcer la main de la direction et se faire une place dans la formation sherbrookoise.Il s'amène près de la bande pour récupérer la rondelle, mais il est durement plaqué par un joueur adverse. Gilbert quitte le match, mais personne à ce moment ne se doute de la gravité de la blessure. Cinq mois et un diagnostique de commotion cérébrale plus tard, le Sherbrookois de 16 ans n'a toujours pas rejoué un seul match de hockey.
« Le médecin m'avait donné le feu vert après quatre semaines, mais je ne me sentais vraiment pas prêt », explique le joueur des Cantonniers de Magog. « Ça fait maintenant 18 semaines et je vois un spécialiste à Montréal. J'ai même une montre qui m'indique mes pulsations cardiaques pour ne pas qu'elles montent trop haut ».
« Au départ ce n'était pas si difficile à vivre parce que je ne me sentais vraiment pas bien alors j'ai mis le hockey en attente. C'est depuis trois mois environ que c'est plus ardu puisque je me sens beaucoup mieux et je veux rejouer ».
Des conséquences concrètesOutre les conséquences sur une patinoire, une commotion cérébrale de cette gravité entraine plusieurs effets négatifs dans la vie de tous les jours.
« Le plus dur, c'est lorsque j'allais magasiner avec ma famille », explique l'étudiant en secondaire 5 à La Ruche. « J'arrivais dans un magasin et la musique m'agressait alors qu'habituellement on l'entend à peine. Je n'étais pas capable d'aller au cinéma ou de regarder la télévision. Pendant un mois et demi, je n'ai pas touché à mon cellulaire ni à mon iPod. À l'école, je n'étais pas capable de lire, je n'arrivais pas à voir le texte. J'ai raté énormément de matières et d'examens ».
« Le hockey c'est ma passion et j'ai pris énormément de retard à l'école, c'est certain que ça vient me chercher émotionnellement », ajoute-t-il.
Pas d'échéancier pour le momentSans se donner d'objectif précis pour un éventuel retour au jeu, Kevin Gilbert est sur la bonne voie. Il ne participe pas encore aux entraînements des Cantonniers, mais il a rechaussé les patins à quelques reprises.
« J'ai embarqué sur la glace environ six fois depuis Noël et ça va très bien, ma douleur n'augmente pas », explique-t-il. « Au départ je pensais qu'après une semaine j'allais être en mesure de revenir au jeu. Maintenant je ne me donne plus d'objectifs pour laisser aller les choses et ne pas me mettre de pression pour rien ».
Malgré tout, Gilbert garde le moral et surtout garde en tête son objectif principal qui est de percer l'alignement du Phoenix la saison prochaine.
« Je n'ai jamais eu envie d'arrêter. Je n'aurai pas plus peur lorsque je vais revenir parce que je vais être rétabli à 100 % et même que j'aurai vu de bons spécialistes pour me renforcer. C'est évident que je vais devoir reprendre la vitesse d'exécution cet été si je suis en forme pour le faire. Mais je crois que ça va se faire assez bien, je suis allé jouer une fois à la patinoire et ça allait très bien au niveau de mes mains et de mon patin ».
Entretemps, Gilbert assiste à tous les matchs des Cantonniers en attendant de pouvoir rejoindre ses coéquipiers sur la glace. Les dépisteurs du Phoenix viennent s'enquérir de sa progression pratiquement tous les matchs.