Il y a une semaine à peine, Charles-Olivier Lévesque ne rêvait plus à la LHJMQ. Il en avait fait son deuil, et depuis longtemps déjà.
Trois ou quatre matchs par semaine dans deux ligues de garage du Bas-Saint-Laurent suffisaient d’une part à assouvir son besoin de jouer au hockey, alors que sa technique en physiothérapie amorcée cet automne assurait son avenir professionnel.
Bref, la vie de ce jeune Rimouskois de 19 ans suivait son cours normal... Jusqu’à ce qu’il reçoive un appel à l’aide inespéré.
L’Océanic de Rimouski, le club de son enfance, avait besoin de lui.
Accablée par les blessures depuis le début de la campagne, notamment devant le filet, la troupe de Serge Beausoleil venait d’essuyer une autre perte, celle du gardien réserviste Gabriel Morency.
« Ils (l’Océanic) ont deux autres gardiens affiliés qu’ils avaient déjà rappelés de Montréal, mais j’habite à Rimouski. J’ai donc participé à une pratique, et puisque ça s’était bien déroulé, ils m’ont affilié. »
L’Océanic lui réservait donc un casier dans son vestiaire pour la série de trois matchs en quatre soirs à l’horaire dès le week-end suivant.
Lévesque a d’abord accompagné l’équipe à Chicoutimi, où il n’a réchauffé le banc que pendant une période et demie avant d’être appelé en relève au portier no 1 Alexandre Lagacé, qui venait d’allouer un troisième but sur 14 lancers.
Avec à peine 30 minutes de service à son actif dans la LHJMQ, avec les Saguenéens, qui avaient fait de lui un choix de huitième tour en 2013, Lévesque se retrouvait alors sur une patinoire du circuit Courteau pour la première fois en près de deux ans.
« C’est sûr que j’avais des craintes, mais je n’étais pas stressé. Je ne suis pas quelqu’un qui stresse avec grand-chose. Je me disais "il arrivera ce qui arrivera". Ma job, c’était d’arrêter les pucks. That’s it », résume celui qui a également disputé une trentaine de matchs dans les rangs Junior AAA en 2014-2015.
Lévesque n’a peut-être pas renversé la vapeur et offert la victoire à l’Océanic, qui s’est incliné 5-2, mais il a néanmoins repoussé 9 des 10 lancers dirigés vers lui, ne cédant que lors d’une double infériorité numérique.
Le lendemain à Québec, dans le cadre du premier match d’une série aller-retour face aux Remparts, Lévesque a renoué avec ses fonctions de réserviste, assistant du bout du banc au revers de 5-2 des siens.
Quarante-huit heures plus tard, son entraîneur lui réservait toutefois une belle surprise. Dans l’espoir de secouer son gardien no 1, Beausoleil confiait le filet de son équipe à Lévesque.
C’est donc chez lui, devant les siens et dans son aréna que Lévesque allait obtenir son premier départ en carrière dans la LHJMQ le 30 octobre 2016.
« Toute ma famille et mes amis étaient là. J’étais transporté par une belle énergie, mais je ne voyais pas ça trop gros non plus. Comme Serge m’a dit, il y a une rondelle, tu te mets devant et tu l’arrêtes. C’est ce que j’ai fait. »
Des arrêts, Lévesque en a effectivement réalisés plusieurs, stoppant 44 des 47 tirs des Remparts avant de finalement signer une première victoire en carrière grâce à un but de Tyler Boland en prolongation.
« J’ai énormément aimé son calme. Il nous a donné une véritable chance de gagner. Je ne pense pas qu’on puisse le définir comme un gardien de ligue de garage avec la performance qu’il vient de nous donner », confiait Beausoleil aux journalistes présents lors son point de presse suivant la rencontre.
Serein, Lévesque pouvait maintenant reprendre ses occupations avec le sentiment du devoir accompli, et surtout, une confiance renouvelée.
« Au début, je m’attendais à ce que ce ne soit que l’affaire d’une fin de semaine, mais vu que ç’avait bien été, je me disais qu’ils allaient peut-être me rappeler pour une autre semaine. »
Lévesque n’a en effet pas été trahi par ses intuitions. Alors que Morency soigne toujours une blessure, l’aventure de Lévesque se poursuit pour au moins une autre semaine, lui qui accompagne l’Océanic sur la route pour une série de quatre matchs en cinq jours amorcée mercredi à Boisbriand face à l’Armada.
« On y va à la semaine, un match à la fois », note Lévesque qui, bien qu’il fasse preuve de réalisme, ne peut s’empêcher de caresser un vieux rêve du bout des doigts.
« Je ne peux pas dire que ça ne ravive pas l’espoir... Je sais que je suis capable de jouer là. Je me dis pourquoi pas moi? »