La vie de hockeyeur nécessite des déplacements à la tonne. Parlez-en à Samuel Dove-McFalls. L’attaquant des Sea Dogs de Saint-Jean, qui en est à sa deuxième saison dans le circuit Courteau, est habitué d’être sur la route et le tout ne date pas de l’an dernier.
La majorité des joueurs de hockey mineur de la grande région montréalaise ont un luxe que bien des jeunes ailleurs au Québec n’ont pas : jouer au hockey sans trop voyager. Samuel, lui, a dû faire exception à cette logique aussi. Celui classé au 73e rang lors du classement de mi-saison de la centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey chez les joueurs nord-américains a joué son année de 14 ans en Europe.
Le père de McFalls, Laurence, professeur en science politique à l’Université de Montréal et impliqué dans le Centre canadien d’études allemandes et européennes, a dû s’exiler en Europe. Samuel a ainsi suivi le paternel. Le numéro seize des Sea Dogs a donc joué pour une équipe junior à Berlin, en Allemagne. La capitale allemande est certes une grande ville, mais ça ne veut pas dire pour autant que les déplacements sont courts, bien au contraire.
« J’ai joué pas mal tout mon hockey mineur au Lac-Saint-Louis jusqu’à ma deuxième année bantam. Par la suite, je me suis dirigé en Allemagne pour le travail de mon père. J’ai joué pour l’équipe junior de Berlin U-16, raconte celui qui a récolté 44 points lors de ses 24 matchs disputés en sol germanique. C’est une très belle expérience et quand je suis arrivé dans le circuit Courteau, j’étais prêt pour les trajets d’autobus. Lors de nos rencontres, les fins de semaine, nous faisions huit à dix heures de route. »
« La culture est certes différente qu’au Canada, il y a une américanisation qui s’effectue. J’ai appris la langue également. Je n’avais pas le choix d’étudier en Allemand pour jouer dans l’équipe là-bas. J’ai appris la langue le plus possible, mais j’ai pas mal tout oublié. »
Dove-McFalls a connu le hockey nord-américain et le jeu européen. Il a eu la chance de vivre une expérience que peu de joueurs auront la chance de savourer. Il connaît ce qu’est le hockey sur deux continents différents, ceci lui permet d’aider un peu ses coéquipiers européens. Mais il avoue qu’étant donné leurs origines, beaucoup plus orientale que l’Allemagne au sein du vieux continent, il ne peut pas vraiment avoir une compréhension infaillible avec les Européens de l’équipe.
« Oui, mon expérience européenne aide un peu, mais en même temps, ce sont des Tchèques et des Slovaques. La vie n’est peut-être pas nécessairement autant développée qu’en Allemagne. C’est sûr que l’important, c’est de leur parler. Ça peut être difficile de traverser l’Atlantique et de jouer sur un autre continent, surtout qu’ils ne sont pas avec leurs parents. »
Une décision prise à la limitePour le père de Samuel, les études ont été très importantes. Il est diplômé de l’Université de la Californie et de Havard en science politique. Le débat sur le fait de combiner les études et le hockey de compétition au sein de la LHJMQ a longtemps fait rage et on sent que les organisations composent mieux avec les deux côtés de la médaille aujourd’hui. Mais lorsque papa a longtemps été sur les bancs d’école, est-ce que la décision d’évoluer dans le hockey universitaire ou le Circuit Courteau a été facile à prendre?
« Même au camp d’entrainement de l’an dernier, ma décision n’était pas encore prise. Je n’étais pas sûr si je restais 48 heures ou si j’allais essayer de faire l’équipe. J’ai eu une discussion avec mes parents et nous nous sommes dit, à la fin de ma carrière junior, si je ne joue pas professionnel, je pourrais aller dans une université canadienne si jamais ça ne fonctionne pas. De toute façon, il y a de l’argent de côté que mes parents ont mis au fil des années en plus des bourses offertes par la ligue. Je vais utiliser cet argent-là si jamais ça ne fonctionne pas. »
Ironiquement, même si la figure paternelle a un haut degré de scolarité, c’est ce dernier qui l’a encouragé à poursuivre sa carrière de hockeyeur dans la LHJMQ.
« C’est mon père qui poussait le plus pour que j’évolue dans le hockey junior, mentionne-t-il avec un sourire en coin. C’était vraiment plus ma mère qui s’inquiétait pour les études, mais nous trois, nous étions confiants que je pouvais bien performer. »
Au sein d’une formation qui est l’une des plus jeunes dans la ligue, Samuel porte déjà le A sur son chandail. Les Sea Dogs ont causé une surprise au début de la saison en prenant la tête de la division des Maritimes. Celui qui s’inquiétait beaucoup pour son acclimatation dans un marché au Nouveau-Brunswick a vite vu ses craintes disparaître la saison dernière.
« Ce n’était pas un problème, disons qu’au début j’avais un peu peur, mais après une semaine et demie, j’étais bien correct, habitué et faut dire que le petit groupe de francophone au sein de l’équipe a travaillé fort pour que je sois à mon aise. »
Il reste encore trois mois pour que celui qui totalise 22 points depuis le début de la campagne se fasse valoir pour être repêché à Sunrise, en Floride. Il ne possède probablement pas les meilleures mains du circuit, mais son dévouement et l’intensité qu’il démontre sur la glace et lors des rencontres ainsi que pourrait amplement suffire à intéresser certaines formations de la LNH.