La rivalité entre les As de Noranda et les Citadelles de Rouyn a été au cœur des belles années du hockey à Rouyn-Noranda.Il n’y a pas si longtemps, les arénas de Rouyn et de Noranda vibraient au rythme de joueurs de l’Abitibi-Témiscamingue. De grands noms comme Réjean Houle, Roland Cloutier, Dale Tallon, Gordie McRae, Pierre Turgeon et Éric Desjardins ont ébloui les partisans rouynorandiens.À cette époque, les arénas étaient bien remplis. «L’ambiance était terrible dans les arénas, surtout quand Rouyn jouait contre Noranda. La rivalité était fantastique. On attirait facilement de 3000 à 3500 personnes. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à l’époque», a raconté le vénérable Gilles Laperrière.
Les Citadelles ont amorcé leurs activités avec quatre conquêtes du trophée Victory, qui était remis à la meilleure équipe juvénile du hockey ontarien. «On avait toute une équipe. Réjean Houle était là, on comptait sur Maurice St-Jacques, qui a été, selon moi, un des meilleurs joueurs de Rouyn, et on avait un bon gardien en Gordie McRae», s’est rappelé le président des Citadelles, Laurent «Pit» Laflamme.
Le camp de Noranda n’a pas été en reste. Il a compté notamment sur Jacques Cloutier, Paulin Bordeleau, Jean-Pierre Bordeleau, Dale Tallon et Bob Sullivan.
Le hockey roi et maîtreDans les Villes Sœurs, le hockey régnait en maître inconstesté. «Il y a tellement d’activités à faire aujourd’hui. Dans le temps, le hockey était roi et maître. On a même déjà déplacé un match parce que Radio-Canada voulait faire un reportage. On avait joué un lundi soir et les recettes avaient été séparées. On avait attiré quelque 2000 personnes, a souligné le président des Citadelles.
«Les gens venaient parce que c’était des joueurs locaux. C’était des gens d’ici qui jouaient contre d’autres gars d’ici. En plus, c’était un bon calibre de jeu», a-t-il ajouté.
Laurent «Pit» Laflamme se souvient surtout d’une finale où les Citadelles avaient affronté le Témiscamingue. «Il devait y avoir 4000 personnes dans l’aréna. C’était incroyable! Il y avait des gens sur les poutres de l’aréna tellement c’était plein», a-t-il soutenu.
Une relation privilégiée avec les CanadiensLes deux villes jumelles ont toujours profité d’une relation privilégiée avec les Canadiens de Montréal. L’École de hockey du Nord-Ouest fut l’une des bénéficiaires privilégiées de cette relation.
«On attirait de grands noms ici. Bobby Hull est déjà venu. On a aussi fait venir des gars comme Gilbert Perreault, Donald Audette et Sergio Momesso», a indiqué Laurent «Pit» Laflamme, qui a été coordonnateur de l’école de hockey pendant une quarantaine d’années.
Le club montréalais est même déjà venu tenir une partie de son camp d’entraînement à Rouyn-Noranda. «Les liens qu’on avait avec les Canadiens et le fait que j’étais gérant de l’aréna nous ont aidés à faciliter les choses», a mentionné Gilles Laperrière, qui fut notamment un recruteur des Canadiens.
Rouyn et Noranda, une rivalité sur glace et hors glaceSi Montréal et Québec ont vibré au rythme de la rivalité entre les Canadiens et les Nordiques, ici, Rouyn et Noranda se vouaient une haine aussi viscérale tant sur la glace que hors glace.
«Il y avait des réalités différentes entre Rouyn et Noranda, en partant avec la langue. Noranda était anglophone. De plus, les jeunes n’allaient pas à la même école. Ça ajoutait à la rivalité», a expliqué le président des Citadelles, Laurent «Pit» Laflamme.
Même que, tant sur la glace que dans les estrades, il arrivait qu’on s’échange quelques taloches. «Il y avait de l’ambiance dans les arénas. Quand on jouait contre Noranda, leurs joueurs entraient d’un côté et les nôtres de l’autre. Il y avait de la bataille dans les arénas. En plus, comme les gens pouvaient fumer, ça créait une brume dans la bâtisse», s’est-il rappelé.
Du côté mauditPersonne n’a vécu plus au centre de cette rivalité que Gilles Laperrière. Le père fondateur des Citadelles a traversé du côté maudit de la ville, ce qui lui a valu quelques sobriquets. «Rouyn et Noranda, c’était comme Québec et Montréal. Alors, quand je suis passé à Noranda, mes chums de Rouyn étaient rendus moins chums avec moi», a-t-il lancé.
Avant de devenir gérant du Centre récréatif de Noranda, Gilles Laperrière étudiait une offre du Canadien junior de Verdun, qu’on lui proposait d’entraîner. «Le gérant de la mine Noranda m’a fait venir pour me proposer d’être gérant de l’aréna. Il savait que j’avais eu une offre pour aller entraîner le Canadien junior. La mine m’a déposé la même offre pour m’occuper du centre récréatif. J’avais jusqu’en fin de journée pour donner ma réponse», a-t-il raconté.
Il a ainsi accepté de traverser du côté de Noranda. «Quand je suis rentré à la maison, ma femme ne savait pas pourquoi j’étais revenu si tôt. Quand je lui ai dit qu’on allait déménager, pas à Montréal, mais à Noranda, elle est partie tout de suite en coup de vent, a confié Gilles Laperrière.
«J’ai invité Laurent «Pit» Laflamme et un autre ami à célébrer. Je ne leur avais pas encore dit où j’allais. Quand ils ont su que j’allais être gérant du Centre récréatif de Noranda, ils se sont levés comme s’ils étaient assis sur une bombe et ils sont partis», a-t-il ajouté.