Les billets étaient chers, mais où vont les millions du Championnat mondial junior?

Montréal, l’une des plus ferventes villes de hockey du monde, s’est retrouvée au centre d’une controverse au cours des deux dernières semaines parce qu’on n’a pas fait salle comble au Centre Bell pendant le tour préliminaire du Championnat mondial junior.

Les matchs présentés à Montréal ont attiré un peu plus de 10 000 spectateurs en moyenne (les rencontres disputées par le Canada étant évidemment les plus populaires). Cela est loin d’être mauvais considérant l’exorbitante fourchette de prix des billets proposée par Hockey Canada.

À titre d’exemple, quand le Canada a affronté les États-Unis la veille du jour de l’An, le prix unitaire des billets variait de 66 $ pour les pires sièges à 336 $! C’est beaucoup plus que pour un match ordinaire du Canadien, où le prix des billets varie de 27 $ à 275 $.

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J’étais à Boston au cours du dernier week-end, et les parents de l’équipe de mon fils (tous Américains) sont tombés à la renverse quand je leur ai expliqué pourquoi il y avait eu autant de sièges vides au Centre Bell. L’entraîneur des gardiens de l’équipe est Mike Morrison, un Américain qui a gardé les filets des Sénateurs d’Ottawa, des Islanders de New York et des Coyotes de Phoenix dans la LNH. Et Morrison était vraiment perplexe quand je lui ai raconté que Hockey Canada avait aussi tenté de forcer les amateurs à acheter des livrets de billets pour 13 matchs pendant la majeure partie de sa campagne de vente, au lieu de proposer des matchs à l’unité.

« Ils (Hockey Canada) ont clairement voulu privilégier les entreprises, alors que ce n’est pas la clientèle qu’on devrait viser pour un événement comme le Championnat mondial junior, a-t-il analysé.

« À mon sens, quand une fédération organise le Championnat mondial junior, son mandat consiste à rendre le hockey accessible au plus grand nombre. Tout devrait être mis en œuvre pour qu’un père de famille modeste ait les moyens de se procurer des billets, et que ses enfants puissent ainsi recevoir la piqûre du hockey », estimait Morrison.

Au moins, quand les gens paient pour voir jouer le Canadien, ils se disent que Geoff Molson doit tenir compte de la valeur du marché de la LNH pour établir le salaire de ses joueurs. Mais comment Hockey Canada peut-elle justifier des billets à 336 $ quand les hockeyeurs d’âge junior touchent une allocation hebdomadaire de 50 $ ou 75 $?

Comment Hockey Canada peut-elle justifier que le prix des billets cette année ait été trois fois plus élevé qu’à Ottawa en 2009 ou à Edmonton et Calgary en 2012?

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Peu de gens se demandent à quel endroit aboutissent les millions générés par des événements comme le Championnat mondial de hockey junior, alors que sur le terrain ce sont surtout les fédérations provinciales qui fournissent les services aux joueurs.

Questionné là-dessus, le nouveau président de Hockey Canada, l’ex-entraîneur Tom Renney, a expliqué que les profits du CMHJ sont réinvestis à la base de la pyramide du hockey mineur canadien, dans des programmes de formation des joueurs. C’était aussi le cas en 2009 et en 2012, semble-t-il. Et pourtant, Hockey Canada ne sentait pas le besoin de siphonner les poches des amateurs d’Ottawa, Edmonton et Calgary.

Lorsqu’on jette un coup d’œil aux états financiers annuels de Hockey Canada, on nage dans le flou, c’est le moins qu’on puisse dire. On constate tout de même que dans le budget de la fédération canadienne, le plus important poste est celui des opérations quotidiennes, pas celui des programmes de développement ou des services aux joueurs, qui ne représentent respectivement que 5 % ou 6 % des dépenses.

Au fait, combien de Canadiens savent comment leurs fédérations sportives, qui sont des entreprises, sont administrées? Et combien de Canadiens connaissent les salaires de ceux qui administrent leurs fédérations sportives?

Ces informations ne sont pas accessibles, même si les fédérations reçoivent aussi des subventions gouvernementales.

Si ces informations étaient connues, qui sait, la discussion entourant le prix exigé pour les billets du Championnat mondial junior aurait peut-être pris une tournure différente dans le temps des fêtes.