Sam ReinhartAnthony Duclair est vif comme l’éclair. Quittez-le des yeux pendant une seule seconde et vous risquez de perdre sa trace jusqu’à ce que vous le retrouviez juché dans une baie vitrée en train de célébrer son dernier but.
Max Domi est partout à la fois et peu importe ce qu’il entreprend, il ne rate pas souvent son coup. Fils d’un ancien joueur ayant grandi dans l’un des plus importants marchés de hockey, il a apprivoisé les caméras depuis longtemps et son sens de la répartie devant les reporters est bien souvent à la hauteur du sens du spectacle qu’il démontre lorsque ses patins sont lacés.
Entre les deux se trouve la force tranquille du premier trio d’Équipe Canada junior. Sam Reinhart est facile à oublier aux côtés des deux personnalités flamboyantes qui lui servent d’ailiers, ce qui ne rend pas sa contribution aux succès de l’équipe moins essentielle.
« Il est certainement le plus intelligent des trois! », a lancé Domi sans hésiter, un petit sourire en coin, lorsqu'appelé à commenter la performance de deux buts de son joueur de centre après la victoire du Canada face à la Finlande lundi soir.
« Il est celui qui fait fonctionner notre trio, a enchaîné Domi le plus sérieusement du monde. Il a le don de ralentir le jeu pour nous, on ne fait qu’essayer de se servir de notre vitesse pour lui donner un coup de main. Il n’a pas été choisi au deuxième rang du repêchage de la LNH pour rien. »
Au moment où le Canada faisait face à son plus gros test du tournoi, Reinhart est sorti de l’ombre pour donner le ton à un match dont l’issue est demeurée incertaine jusque dans les dix dernières minutes. Son premier but est né de sa grande discrétion, un trait de caractère qui lui sied à merveille et qui lui a permis d’échapper à la surveillance de deux défenseurs finlandais pour arriver premier au retour d’un lancer de la pointe qu’il avait lui-même rendu possible. Son deuxième a été le fruit d’un synchronisme parfait, celui d’un joueur capable de voir se dessiner une opportunité bien avant que celle-ci ne convertisse vers la palette de son bâton.
« Si on regarde seulement le côté spectaculaire de la chose, on ne verra pas du tout Sam Reinhart. Mais tout ce qu’il peut faire dans un match, il le fait de façon très efficace, a complimenté l’entraîneur canadien Benoît Groulx. Dans un match de hockey, ce qui compte en bout de ligne, c’est ce que tu as amené à chacune de tes présences sur la glace. Sam, même s’il n’est pas le plus spectaculaire, est toujours très efficace. Sur son trio, il apporte un équilibre nécessaire et donne beaucoup de confiance à ses deux partenaires pour leur permettre de jouer librement. »
La combinaison Domi-Reinhart-Duclair a vu le jour dès l’arrivée de son membre québécois à Toronto pour le deuxième jour du camp de sélection d’ÉCJ, à la mi-décembre. Depuis, toutes les combinaisons expérimentées par Groulx ont été victimes de remaniements, sauf celle-là. « On n’a pas de plan pour les bouger demain non plus », a assuré le coach en riant tout en se remémorant vaguement les raisons qui l’avaient incité à réunir les joueurs qui forment son meilleur trio.
« J’avais deux gars offensifs qui avaient probablement besoin d’un joueur au centre qui saurait comment les compléter. Je pense que Sam possède tout ça dans son coffre à outils. Il sait comment se positionner, comment les laisser aller, comment les couvrir un peu quand c’est le temps, comment couvrir ses défenseurs. Il a certainement besoin d’eux, mais je pense qu’eux ont aussi besoin de lui pour pouvoir s’exprimer. »
Si Groulx n’a pas l’intention de toucher à son premier trio, il a finalement décidé de séparer les éléments qui formaient sa deuxième unité depuis le début officiel du Mondial.
Le pilote canadien avait déjà commencé à jongler avec ses effectifs pour tenter de secouer le trio pivoté par Connor McDavid à la fin du match de samedi contre l’Allemagne. Lundi, Nick Ritchie semblait avoir retrouvé sa place à gauche du jeune surdoué et du vétéran Curtis Lazar, mais au début de la deuxième période, il avait été remplacé par Jake Virtanen, qu’on avait jusque-là vu dans un rôle limité avec les spécialistes défensifs Frédérik Gauthier et Lawson Crouse.
Le changement s’est avéré permanent, Virtanen ne donnant absolument aucune raison à son entraîneur de reconsidérer sa décision. Grâce à sa vitesse supérieure, l’attaquant des Hitmen de Calgary a complètement changé la dynamique du trio et même s’il ne possède pas la stature de Ritchie, il a démontré qu’il n’avait pas peur de jouer dans le trafic.
En fin de troisième période, Virtanen n’a pas hésité à aller confronter Alex Lintuniemi, le géant de la brigade défensive finlandaise, après que celui-ci eut servi une mise en échec douteuse à l’endroit de Lazar. Pour sa bravoure, le jeune Britanno-Colombien exhibait une longue cicatrice rouge au menton après le match.
« Je ne savais pas trop si c’était un coup salaud, mais j’ai vu Curtis tomber contre la rampe et j’ai eu l’impression qu’il avait été frappé par derrière, expliquait Virtanen. Je n’aime pas voir ce genre de chose, surtout quand il s’agit de mon capitaine. Je ne voulais pas écoper d’une pénalité stupide, mais je ne pouvais pas laisser passer ça non plus. Je devais passer un message. »
« Il aime certainement mettre le trouble, celui-là! », s’est exclamé Lazar lorsqu’est venu le temps de complimenter son nouveau compagnon de trio. « Jake est rapide et puissant. J’ai joué contre lui pendant quelques saisons et je crois qu’il est l’un des joueurs les plus explosifs de la Ligue junior de l’Ouest. Il a aussi tout un lancer. S’il utilise bien sa vitesse le long des bandes, on sera en mesure de s’offrir de belles opportunités. J’ai trouvé qu’on avait bien fait circuler la rondelle ce soir même si les statistiques ne le démontrent pas nécessairement. »
« C’est agréable de faire partie d’un tel trio, je ne connais personne qui ne voudrait pas jouer avec Connor et Curtis. Je crois qu’avec ma vitesse et ma robustesse, je suis capable de leur créer l’espace dont ils ont besoin. En tout cas, j’espère bien garder ma place à leurs côtés », a ouvertement souhaité le jeune promu, qui sera sans doute heureux d’apprendre que son entraîneur a aimé ce qu’il a vu.
« J’aime ce que Jake nous apporte depuis le tout début du camp. J’aime sa vitesse, la pesanteur de son jeu, la puissance de son lancer. C’est un compétiteur féroce. Présentement, je n’ai aucunement l’intention de le changer de place », a promis Groulx.