Détenteur d'un billet de saison pour ne rien manquer des moindres faits et gestes de la troupe de Martin Bernard, André Pronovost a eu une visite inhabituelle au cours des dernières semaines. «J'arrive toujours en retard aux matchs des Cataractes et j'ai vu Claude Vallée dans mon coin avec Roger Lavergne. Lors d'un arrêt de jeu, ils m'ont demandé d'aller à leur rencontre et proposé d'être le président de la Classique hivernale. Au début, j'ai trouvé ça drôle. Je me suis demandé pourquoi ils m'avaient choisi, car il y a plusieurs autres noms qui auraient été bons. Je n'ai pu refuser. Depuis, mes amis m'appellent monsieur le président», a-t-il lancé en riant.
Le hockey extérieur a toujours été populaire chez les Pronovost. «Mes petits-fils, mes enfants et mes neveux, je les ai toujours incités à aller jouer au hockey dehors. Je leur ai enseigné à jouer en équipe. Même s'ils pouvaient garder la rondelle d'un bout à l'autre, je leur expliquais qu'il était important de se servir de ses coéquipiers».
Le moyen d'atteindre les rangs professionnels
Dans les années 40, jouer au hockey l'hiver était le seul moyen de faire sa marque. «J'ai joué à l'extérieur jusqu'à 14 ans dans les ligues d'école. À l'époque, c'était la manière de faire son chemin. J'ai été chanceux de pouvoir commencer à patiner à dix ans, car une paire de patins, ça coûtait cher. J'ai acheté ma première paire neuve à 16 ans pour une trentaine de dollars. J'avais des D'Aoust de Maurice Richard, que j'ai gardés jusqu'au Canadien Jr», s'est-il souvenu.
Les équipes de chaque secteur s'affrontaient en saison régulière. «Je jouais pour l'école Notre-Dame-du-Sacré-Cœur du secteur La Baie. Je peux vous dire que nous marquions beaucoup de buts. De ma 7e à la 9e année, nous avions vraiment une bonne équipe. Les frères s'en occupaient et les joueurs étaient disciplinés. Jouer seul, tu ne pouvais faire ça, car tu te retrouvais avec 24 joueurs en même temps sur la glace».
Les joueurs étaient même mis à contribution pour obtenir une surface de qualité. «La nuit, tout le monde prenait le relais pour arroser la glace. Tu pouvais devoir le faire à 12h30 et y retourner à 5h du matin. Tu ne pouvais jouer même si tu venais de la faire, tu devais attendre les matchs. Nous avions 135 marches à monter pour aller à l'école le jour, et la même chose pour le hockey le soir. Nous mettions nos patins à la maison», a raconté le grand-père d'Anthony Mantha.
La route vers le Forum
À l'âge de 15 ans, André Pronovost avait déjà un talent au-dessus de la moyenne. «J'ai été jouer à Saint-Tite pour le Shawinigan Taxi, une ligue composée d'adultes. Mon père avait dit non au début, mais il a accepté par la suite. L'année suivante, mon entraîneur n'a pas voulu que j'aille jouer dans cette ligue. Je jouais pour l'école supérieure chez les juvéniles et c'est là que Sam Pollock m'a vu. Nous avons tout remporté pour nous rendre en finale au Forum de Montréal».
Quelques années plus tard, il s'est retrouvé avec les Béliveau, Moore et Richard dans le vestiaire du Canadien de Montréal, un rêve devenu réalité grâce au hockey extérieur. «Nous devions faire des camps d'été avec les équipes avant de signer un contrat. Je suis le seul joueur de l'équipe recruté par Pollock qui a reçu un contrat, mais j'avais déjà donné mon nom à Trois-Rivières. Le gérant Jack Toupin m'a donné la permission de quitter pour aller au camp du Canadien Jr.», s'est souvenu celui qui a remporté la Coupe Stanley à quatre reprises avec le bleu-blanc-rouge.