La position de gardien de but est considérée par la majorité des experts comme la plus importante au hockey. Au-delà de la technique ou du physique, la confiance en soi de l’athlète lui permettra de faire son chemin jusqu’à la Ligue nationale de hockey. Kijiji s’est entretenu avec les entraîneurs des gardiens Steve Ahern (Baie-Comeau) et Maxime Vaillancourt (Blainville-Boisbriand) sur les éléments clés pour connaître du succès entre les poteaux.
Même s’il n’a que 26 ans, Maxime Vaillancourt a déjà plusieurs années comme entraîneur des gardiens derrière la cravate. Celui qui travaille pour l’Armada de Blainville-Boisbriand sait à quel point le mental est important pour réussir. « À mes yeux, la confiance, c’est pratiquement 100 % de ton jeu. C’est encore plus important que la technique. Des gardiens comme Tim Thomas ou Martin Brodeur ont toujours été en arrière par rapport aux autres sur leur technique, mais leur approche avant chaque match était dans l’optique de compétitionner. La technique, c’est un outil, mais ce n’est pas ce qui va faire que tu vas connaître du succès. À Blainville, nous préparons beaucoup les séances d’entraînement, car tu joues comme tu pratiques. Tu dois être prêt mentalement et avoir confiance en toi. Ça te permet d’apprendre beaucoup plus vite, plutôt que de douter constamment », a-t-il souligné.
Même son de cloche du côté de Steve Ahern, qui occupe le même poste chez le Drakkar de Baie-Comeau. « Il y a trois clés pour réussir comme gardien. Tout d’abord, tu dois être mentalement inatteignable, tu dois travailler, et enfin être bon techniquement. Un gars comme Marco Cousineau était capable de tourner la page après un mauvais départ. Philippe Cadorette a sa routine et il doit faire ses choses. Les gardiens peuvent être dérangés par plusieurs choses, comme un arbitre qui leur parle, le bruit de l’amphithéâtre, etc. C’est très important de laisser les gars bien se préparer. Des gamers sont en mesure de se relever rapidement », a lancé le détenteur d’un baccalauréat en éducation physique.
Une question de physique?Directeur général sur la Côte-Nord, Ahern a vu passer plusieurs cerbères au fil des années. « Selon moi, les gardiens doivent s’ajuster en fonction de leur gabarit. Les différents styles leur sont montrés très jeune et doivent être utilisés pour maximiser l’ajustement à la vitesse du jeu. Un gros gardien prendra plus de place, alors qu’un plus petit aura davantage de vitesse. Chaque athlète a ses forces et ses faiblesses. Pour être excellent, ça prend une bonne rapidité au niveau des pieds et des mains, ainsi qu’une excellente prise d’information en fonction du placement des joueurs. C’est technique, mais tout est une question de vitesse versus la biomécanique ».
Aux yeux de son collège chez l’Armada, des différences importantes existent selon le pays d’origine de l’athlète. « Plus ça va, plus les gardiens sont diversifiés. Tu regardes au Canada, en Europe et aux États-Unis, et tu es capable de voir qu’il y a une différence dans les styles. Des gars comme Rask, Rinne et Lethonen sont plus athlétiques et utilisent leurs réflexes. Ils sont de bons athlètes et se servent de leurs mains pour faire les arrêts. C’est peut-être pour ça qu’il y a plus de professionnels provenant du Vieux Continent, car ils raffinent leur style », a-t-il fait remarquer.
Selon lui, les gardiens doivent toujours être à l’affût des nouvelles tendances. « Au niveau midget AAA, un gardien devrait connaître le style qu’il veut développer. Avant cet âge, il devrait tout essayer. Il n’y a aucun moule qui garantit le succès. C’est une combinaison de personnalité, physique et flexibilité. Même si tu te rends dans la Ligue nationale, tu as toujours des choses à peaufiner. Tu ne dois pas te bloquer dans un seul style. L’équipement change, les techniques également. Dwayne Roloson avait un style debout à ses débuts. Il s’est adapté, ce qui lui a permis de faire une carrière de 20 ans »
L’importance des entraînementsÀ Baie-Comeau, les gardiens font à répétition les mêmes mouvements à l’entraînement. « Je crois beaucoup dans l’automatisation, ce qui veut dire qu’en pratiquant toujours la même chose, ça devient un réflexe. C’est comme un joueur de golf qui frappe des centaines de balles chaque jour. Avec Philippe, je travaille le contrôle des rebonds, afin qu’il y en ait le moins possible dirigés vers l’enclave. La différence entre un junior et un professionnel, c’est que les défenseurs vont être présents pour récupérer ces rondelles. D’excellents gardiens juniors ne parviennent pas à la Ligue nationale de hockey », a glissé Steve Ahern.
Le vieux loup a une théorie pour expliquer le fait que de moins en moins de gardiens québécois font leur chemin jusqu’à la Ligue nationale de hockey. « Dans le hockey mineur, l’effort des jeunes n’est pas toujours au rendez-vous et ils pratiquent moins. Dans mon temps, nous étions toujours sur la patinoire extérieure et aujourd’hui, ils se trouvent des défaites. Ce qui manque le plus, ce sont des gamers et des passionnés. Il arrive dans les pratiques de hockey mineur de voir les gardiens patiner devant leur filet, pendant que les joueurs travaillent. Pour moi, ils doivent mettre les efforts autant que les autres ».
