Dans le monde du sport de haut niveau, la pression est incessante. Celle de gagner, de performer, de plaire, de surprendre et, parfois, celle d'être repêché s'ajoute au lot. Quelques joueurs, tel un talent inné, y carburent. Ils possèdent ce don de la canaliser pour atteindre de plus hauts sommets.La plupart des athlètes doivent cependant apprendre à la gérer. En vivant de multiples expériences et avec le soutien de leurs entraîneurs, ils parviennent à convertir ce stress inévitable en résultats concrets durant les matchs. Il s'agit généralement d'un long processus. La patience est de mise dans ce genre de situation, mais tôt ou tard, elle finit généralement par payer.
Combien de fois a-t-on entendu un entraîneur dire de l'un de ses protégés qu'il tenait son bâton trop serré ou qu'il tentait d'en faire trop? La simplicité est souvent la meilleure solution. C'est ce à quoi Bruce Richardson s'affaire depuis le début de la saison avec l'attaquant de 18 ans Gabriel Gagné.
Considéré comme étant l'un des plus beaux espoirs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale de hockey, le joueur d'avant des Tigres a connu un lent début de saison. Il avait pourtant connu un fort camp d'entraînement.
Dans son cas, c'est la pression qu'amène l'année cruciale d'admissibilité au repêchage qui l'a ralenti. Il faut dire que les projecteurs sont braqués sur lui. Récemment, lors d'un match local à l'Amphithéâtre Gilbert-Perreault, plus d'une quarantaine de recruteurs de la Ligue nationale de hockey étaient dans les gradins. Conscient de l'enjeu, Gagné dit avoir été quelque peu déstabilisé par toute cette attention. Au cours des deux premiers mois d'activités, il a été limité à 9 points en 16 matchs. À un certain moment, il a même été contraint d'évoluer au sein du quatrième trio des siens, une situation inhabituelle pour ce talentueux joueur d'avant. «Disons que j'ai connu un lent début de saison. C'est sans doute dû au stress et à la pression du repêchage. On dirait que je voulais en faire trop. Le repêchage est très important pour moi. C'est possiblement la plus grosse saison de ma vie», commente-t-il.
Voilà longtemps que les Tigres n'ont pas misé sur un joueur aussi prometteur. Gagné, acquis dans la mégatransaction qui avait envoyé Phillip Danault à Moncton il y a deux ans, possède le gabarit idéal du haut de ses 6'5''. Son flair offensif est également indéniable. Doté d'un talent brut, il est, ni plus ni moins, un diamant à polir.
«Certains joueurs ne sont pas affectés par la pression, d'autres si. Tant et aussi longtemps qu'on ne la vit pas, on ne sait pas comment elle nous affectera. Dans le cas de Gabriel, ça a semblé être une distraction. Lorsqu'un joueur se retrouve dans une telle situation, il faut s'attarder aux petites choses. Il faut simplifier notre jeu. En dehors de la glace, on a passé beaucoup de temps à regarder la vidéo des matchs. On s'est beaucoup parlé», a poursuivi l'entraîneur-chef des Tigres.
Les efforts déployés par Gagné et Richardson ont fini par porter fruit. Depuis le début du mois de novembre, il forme un duo redoutable aux côtés du vétéran Angelo Miceli. En cinq rencontres, il a amassé quatre buts et quatre mentions d'aide. Depuis le début de la saison, il totalise 19 points en 26 sorties.
De retour sur les rails, Gagné souhaite évidemment poursuivre dans la même veine à la fois pour aider les Tigres à continuer de surprendre cette saison, eux qui sont au cœur d'un processus de reconstruction, mais également pour bien figurer lors du prochain encan de la LNH, qui aura lieu à Sunrise, en Floride, en juin 2015.
Sur la liste préliminaire de la Centrale de recrutement du circuit Bettman, publiée en septembre, Gagné était considéré comme un joueur susceptible d'être réclamé en deuxième ou en troisième ronde. «Le repêchage est important pour moi. Je sais qu'il y a différentes façons d'atteindre la Ligue nationale, mais ça facilite les choses quand on est repêché», a-t-il dit.
Richardson estime justement que les jeunes hockeyeurs accordent parfois trop d'importance au repêchage. Selon lui, il ne s'agit que d'une des nombreuses façons d'atteindre la Ligue nationale de hockey. «À preuve, j'ai obtenu deux contrats de la Ligue nationale de hockey sans même avoir été repêché. Si on est dû pour jouer dans cette ligue, on finira par y arriver», poursuit-il.
À l'inverse, être repêché n'est pas nécessairement un gage de réussite. De nombreux patineurs ayant entendu leur nom durant les assises ne sont pas parvenus à faire leur niche au sein du circuit de hockey professionnel le plus prestigieux au monde. «Ça demeure le rêve de tout hockeyeur. Ceux qui n'ont pas cette chance ont cependant plusieurs options, comme l'Europe. J'en suis la preuve», a conclu Richardson, lui qui a roulé sa bosse dans divers circuits professionnels à travers la planète durant plus d'une quinzaine d'années